Diederik Peeters a peur. Il a une peur morbide des germes et de la contamination, il est terrorisé par l'altitude et redoute les fantômes et les conspirations. Il souffre d'une paranoïa sévère et d'une schizophrénie carabinée. Et - last but not least - il est littéralement torturé par la peur de l'échec. Dans son dos apparaît, en filigrane, le mystérieux cuisinier-marionnettiste qui tire les ficelles auditives, auxquelles notre héros, volatil grotesque et anxieux, tente d'échapper en vain.
Dans « Red Herring », Peeters présente une série de scènes, pour moitié abstraites et pour partie imaginaires, librement inspirées par le potentiel comique des peurs irrationnelles. Trempé de sueurs froides, il cherche à vaincre le ridicule de ses accès obsessionnels et schizophréniques. Le Son est son plus grand adversaire: car même s'il est seul sur scène, dans cette performance le son est utilisé (et mésusé) jusqu'à s'imposer comme un personnage imprévisible. Pour faire court, disons qu'il s'agit d'un duo pour un personnage et du son, dissimulé sous une forme de solo qui tenterait de mettre à l'épreuve le vieux maître Buñuel lorsqu'il disait : « le son stimule l'imagination plus que l'image »…
PS. Les harengs marinés ont une odeur prononcée. Leur utilisation pour tromper le flair des chiens est bien établie. L'expression « to drag a red herring across the track » s'applique, au sens figuré, à différentes techniques de désinformation, employées aussi bien dans les milieux politiques et journalistiques, que dans une conversation privée ou dans l'intrigue d'un film. Un hareng rouge est une diversion délibérée ou accidentelle, un argument erroné ou non pertinent, qui fait obstacle à la compréhension, en créant un écran de fumée qui retarde certains éclaircissements.
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« Pastiches de films d'horreur, histoires absurdes et réflexions de l'auteur sur les intentions de sa pièce sont si bien mêlés ici, qu'il nous semble assister à six films différents projetés en même temps. La réalisation en est parfaitement convaincante et le résultat absolument hilarant. Pour autant, il ne s'agit pas d'une farce gratuite. Par son approche originale et drôle, « Red Herring » donne une image saisissante du désarroi contemporain qui nous étreint face à un monde, où nous sommes en permanence bombardés d'informations contradictoires et sans queue ni tête. »
- Pieter T'Jonck, De Morgen, 15/11/2011
« Tout au long du spectacle, on sent une préparation méticuleuse : le décor (une porte et une paire de tapis enroulés), les éclairages, le son (qui est presque un acteur à part entière), les effets spéciaux et Diederik Peeters lui-même, sorte de Buster Keaton manipulant et se jouant des portes et autres accessoires. » (…) « Red Herring est un voyage étrange : un performer prévenant, mais gauche, nous invite à découvrir un bel endroit, qui s'avère rapidement être un labyrinthe propre à rendre fou le plus rationnel d'entre nous. »
- Hans-Maarten Post, Utopia Parkway, 22/11/2011
« En s'amusant des différentes manières de produire du son (une voix off autoritaire, des techniques de bruitages, des cris et chuchotements), Diederik Peeters dépeint nos peurs et nos angoisses dans une performance sonore qui bouscule, induit en erreur et divertit le public avec malice. (…) Les plus aventureux d'entre vous, ceux qui veulent voir à l'œuvre les grands créateurs de demain ne seront pas déçus. Et quel acteur ! Il ne fait pas de doute que cet homme fera bientôt beaucoup parler de lui ! »
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- Els Van Steenberghe, Knack Magazine, 13/11/2011
« Red Herring est ce merveilleux et rare accomplissement: un spectacle qui est à la fois du divertissement pur et de l'art pur, les deux co-existant au sein d'un chaos structuré, contrôlé par un acteur magistral. »
- Dorothy Max Prior, Total Theatre Review, 26/03/2013